La France a peur. Le regretté Roger Gicquel n’est plus là pour nous le rappeler de sa voix d’outre-ondes hertziennes, mais certains articles de presse s’en font l'écho fréquemment. La France a peur, car, apparemment, elle manque d’ingénieurs.  Par milliers, voire dizaines de milliers.  Or, selon de nombreux spécialistes, c’est faux. On avait déjà évoqué la chose ici, lorsque nous avions interviewé Julien Roitman, le président du Conseil national Ingénieurs et Scientifiques de France. Celui-ci avait mis les pieds dans le plat, sans pincette ni fourchette : « Cette histoire de pénurie, ce n’est pas très sérieux, du moins si j’en crois les chiffres que me fournit le CEFI(Centre d’étude des formations d’ingénieur). En effet, chaque année, 32000 ingénieurs sont diplômés par les écoles. 20 % partent directement  à l’étranger, parce qu’ils en sont originaires ou parce qu’ils y trouvent un premier poste. Restent donc environ 26000 ingénieurs, ce qui correspond peu ou prou à l’augmentation globale de l’offre chaque année, laquelle équilibre la demande. Bien sûr, cela n’exclut pas qu’à un moment donné, dans un domaine donné, il y ait des inadéquations. Mais la situation française est confortable par rapport à celle des Allemands par exemple qui ont un déficit d’ingénieurs colossal, ou à celle de nos collègues britanniques qui sont exactement dans le cas inverse. Les « 10 000 ingénieurs manquants » sont donc une pure invention ? En France, ce sont souvent les SSII (sociétés de services en ingénierie informatique) qui propagent cette vision des choses, sans doute parce que leur business model est basé sur la matière grise. Il leur en faut beaucoup, à un coût maîtrisé et avec un préavis relativement court. Quand ça va bien, les SSII sont des recruteurs fantastiques : ils peuvent se trouver en manque de candidats et embauchent à tour de bras. Mais quand les choses tournent mal… Pour répondre à votre question donc, c’est non. »   On ne pouvait pas être plus clair.   Enfin, c'est ce que l'on croyait jusqu’à ce que l’on tombe,  dans Les Echos, sur une intervention de Philippe Jamet, le président de la Conférence des Grandes Ecoles, qui remet le couvert et les pieds dans le saladier : « Le manque d'ingénieurs est un mythe. Il est vrai que l'ingénieur français est prisé, mais il n'y a pas de pénurie. La réalité macroéconomique française dépend fortement des filières. Dans les SSII qui manqueraient d'ingénieurs, le marché est extrêmement cyclique et volatil. En réalité, il n'y a pas vraiment de manque, mais plutôt un flux tendu d'insertion. Dans les autres filières, il n'y a pas de manque d'effectifs : la réalité industrielle française est plutôt en légère décroissance. S'il y avait une réelle pénurie, les ingénieurs devraient voir leurs salaires augmenter, or ce n'est pas le cas. Depuis ces vingt dernières années, on observe clairement une érosion des salaires des ingénieurs en euros constants. Le problème ce n'est pas la pénurie mais bien le manque d'activité industrielle en France ». Toute la propagande sur les fameux 10 000 ingénieurs manquants, ce n’est donc que du flan cuisiné pour les besoins des SSII ? Et bien dans ce cas-là, il ne faut plus se faire de bile : les SSII n’attirent plus foules à en croire les chiffres de l’étude annuelle de la Conférence des Grandes Ecoles. Le secteur des services informatique n’a recruté directement que 7,5 % de la promotion 2012 contre 13 % en 2007. Du coup, les SSII passent de la deuxième place des entreprises qui embauchent à la cinquième, derrière les secteurs de l’énergie, du BTP et du transport. Nous voilà sauvés ? Ce serait trop simple, car d’autres, et pas des moindres, continuent d’agiter le chiffre "épouvantaillesque". C’est notamment le cas de Christian Lerminiaux, le président de la Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d'Ingénieurs (CDEFI). Interrogé sur Europe 1 il y a quelques mois, il affirmait le besoin de "produire" davantage d’ingénieurs pour accompagner la réindustrialisation du pays et le développement des PME.   Article du 1/08/2013
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